"La classe de danse", Edgar Degas, 1873-1875

 



Edgar Degas écrivit un jour : "On m'appelle le peintre des danseuses". Plus de la moitié de ses huiles et de ses pastels représentent des danseuses adolescentes du corps de ballet de l'Opéra. A partir des années 1870, il les dessina et les peignit de manière obsessionnelle. La classe de danse est caractéristique de son approche intimiste et informelle et pourtant très impersonnelle. "La danseuse, écrivit-il, m'a servi de prétexte à peindre de beaux tissus et à rendre des mouvements." Dans cette frappante composition décentrée, des danseuses et leurs mères s'agglutinent autour du professeur Jules Perrot. La construction spatiale asymétrique, le point de vue inhabituel et les figures coupées trahissent l'influence des instantanés photographiques et des motifs des estampes japonaises, que Degas collectionnait. Les lignes convergentes tracées par les planches du parquet dirigent le regard vers le haut et vers l'intérieur, en une sorte de théâtralisation de l'espace. Ce qui pourrait sembler être le rendu d'un moment éphémère est en réalité une image soigneusement élaborée, que Degas modifia de manière significative au cours de son travail en atelier. 

Mais qui est Degas ? 
1834-1917

Après des études de droit, Hilaire-Germain-Edgar De Gas entre en avril 1855 à l'école des beaux arts. Il y fréquente la classe de Louis Lamothe, un ancien élève d'Ingres qui lui fit développer un style caractérisé par un graphisme exquis. Il passe aussi trois ans en Italie.

De retour à Paris, en 1859, il change d'orientation artistique, peut-être sous l'influence de Manet, et renonce aux décors historiques au profil de sujets plus modernes, tels les cafés, les salles de danse et les champs de courses. Lors de sa participation à la guerre franco-prussienne, sa vue commence à se détériorer. 

Des peintures de Degas sont présentées à la première exposition impressionniste, en 1874. Il crée quelques-unes de ses œuvres les plus durables, souvent inspirées par les classes laborieuses parisiennes ou le monde du spectacle, telles L'absinthe (1876), Miss Lala au cirque Fernando (1879), ainsi que de nombreuses images de danseuses, parmi lesquelles la Danseuse étoile (v.1876) et la sculpture Petite Danseuse de quatorze ans (v.1881).

En 1886, Degas se consacre de plus en plus au pastel et à la sculpture, créant de mémorables images de femmes, dont le Tub (1885-1886) et Danseuses à la barre (1888). Il expérimente aussi la photographie. 



1. Des détails informels
L'une des danseuses joue avec sa boucle d'oreille, bien que son visage soit à moitié caché par l'épaule rentrée de la jeune fille assise sur le piano qui, elle, se gratte le dos. De tels détails ajoutent une touche d'humour, ainsi qu'une impression de réalisme documentaire. 

2. Les colonnes 
Degas emprunta ces colonnes de marbre à un autre tableau représentant une scène analogue. Il dessina souvent à l'ancien opéra de Paris, détruit dans un incendie en 1873. Plutôt que de s'inspirer du nouvel édifice, il élabora les décors de ses toiles à partir de dessins réalisés dans l'ancien bâtiment. 

3. M. Jules Perrot
La représentation de Jules Perrot se fonde sur un portrait que Degas réalisa en 1875. Perrot fut l'un des danseurs les plus doués de sa génération et un célèbre chorégraphe. Il avait en réalité abandonné l'enseignement dix ans avant que Degas ne commence sa toile, qui apparaît donc aussi comme un hommage au grand homme. Un examen aux rayons X a révélé que le peintre avait à l'origine prévu de montrer un professeur de danse anonyme, vu de dos. 

4. Changement de point de vue 
A l'origine, la danseuse du premier plan était le personnage principal de la scène et elle avait le regard porté vers l'extérieur. Degas en modifia ensuite la direction, le tournant maintenant vers le nouveau point central de la toile: Jules Perrot.





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