Tableau 5 : "La mort de Socrate", Jacques-Louis David, 1787
Je vous présente aujourd'hui une huile sur toile peinte par Jacques-Louis David en 1787. L'œuvre se trouve à New York au Metropolitan Museum of Art.
L'artiste :
Né à Paris en 1748, David fait son apprentissage chez Joseph-Marie Vien (1716-1809). Après plusieurs tentatives infructueuses, il finit par remporter le prix de Rome en 1774. En Italie, son étude de l'art antique l'aide à élaborer son style néo-classique rigoureux.
De retour à Paris en 1780, il obtient rapidement le succès au Salon. Il prend des élèves et entre à l'Académie. À l'approche de la Révolution, ses scènes enthousiastes d'héroïsme et de sacrifice sont bien dans l'air du temps. David retourne à Rome pour y peindre "Le serment des Horaces", le plus puissant de ses tableaux inspirés de l'Antiquité.
En 1789, lorsque la Révolution éclate, David y joue un rôle de premier plan. Député à la Convention, il contribue à l'abolition de l'Académie. Ami des principaux leaders révolutionnaire, il est emprisonné après la chute de Robespierre.
Après la Révolution en 1803, David travaille au service de Napoléon, dont il est nommé Premier peintre. Il reçoit d'importantes commandes du nouveau régime, mais la défaite de l'Empereur entraîne sa disgrâce. En 1816, il s'exile à Bruxelles jusqu'à sa mort.
Le tableau
David peignit pour un collectionneur privé cette "Mort de Socrate" , au sujet héroïque et aux formes classiques typiques du néo-classicisme. La scène montre Socrate, dans sa prison, recevant la visite de ses disciples juste avant de boire la ciguë. Le commanditaire choisit le sujet de l'œuvre, mais il est clair que ce mélange de courage et d'autosacrifice ne pouvait que séduire l'artiste. Le geste et la pose énergiques de Socrate contrastent fortement avec ceux des personnages fragiles qui l'entourent. David souligne leurs mouvements par des effets d'éclairage et baigne la figure centrale d'une lumière divine.
Le philosophe grec (469-399 av J-C) fut l'un des plus grands personnages de l'Antiquité. Ses principes moraux sévères exercèrent une influence profonde, mais ses opinions controversées l'amenèrent souvent à entrer en conflit avec les autorités. En 399 av J-C, il fut jugé et condamné à mort pour avoir corrompu la jeunesse d'Athènes. Il aurait pu échapper à sa condamnation en reniant ses croyances et en s'exilant, mais il refusa de transiger sur ses idéaux et préféra mourir. David s'inspira pour son tableau du récit des événements qu'offre le dialogue de Platon intitulé "Phédéon" et consulta aussi un savant, le père Adry. Bien qu'il ait puisé à ces différentes sources pour élaborer sa composition, il l'enrichit aussi de sa propre interprétation et situa la scène dans une pièce de style romain. Il réduisit le nombre des disciples mentionnés par Platon et en ajouta un ou deux autres, absents ce jour-là, dont Platon lui-même, malade, qui n'assista donc pas à la mort de son maître. S'il avait été présent, il aurait été bien plus jeune que la figure assise calmement au pied du lit, car il avait à peine plus de vingt ans lorsque Socrate mourut. Le tableau fut bien accueilli lors de sa présentation au Salon et Joshua Reynolds (1723-1792) le décrivit comme "le plus grand effort artistique depuis la chapelle Sixtine".
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