"Les Quatre chevaliers de l'Apocalypse", 1498, Albrecht Dürer


Mais qui est Dürer ? 

Dürer naît à Nuremberg en 1471. Il est fils d'un orfèvre et commence par apprendre le métier de son père. Son talent artistique manifeste lui vaut de faire son apprentissage chez le peintre et graveur Michael Wolgemut (1435-1519).

En 1492, Dürer voyage et travaille pour des éditeurs en Suisse et en France. Il se rend ensuite en Italie, où il se montre très impressionné par le peintre de la première Renaissance Andrea Mantegna (1431-1506). A son retour, il organise son propre atelier et se consacre surtout à la gravure.

En 1505, il effectue son second séjour en Italie, où il reste deux ans, et revient à la peinture. Il produit aussi ses plus belles estampes et reçoit à partir de 1515 une pension annuelle accordée par le Saint empereur romain Maximilien Ier. 

En 1520, il assure la poursuite du versement de sa pension impériale par Charles Quint et rédige ses ouvrages sur les mesures et les proportions de l'anatomie humaine. Il meurt en 1528.


Son œuvre

Il s'agit de la quatrième des quinze gravures sur bois que Dürer consacra à l'illustration de l'Apocalypse,  le "Livre de la Révélation" du Nouveau Testament. L'artiste réalisait alors sa première importante série de gravures qui, lors de sa publication, en 1498, lui valut un immense succès. Sa technique novatrice recourt à des lignes croisées ou parallèles pour définir les effets d'éclairage et de volume. La présentation en diagonale des cavaliers confère du dynamisme à la scène. Les gravures de Dürer contribuèrent à forger sa réputation internationale. 

En ces années de peu antérieures à 1500, beaucoup de gens croyant que la fin du monde approchait, les images de l'Apocalypse étaient hautement d'actualité. Dans la bible, les quatre cavaliers apparaissent après le bris des quatre premiers sceaux du Livre saint porté par l'agneau de Dieu (Apocalypse, 6, 1-8). L'identité des cavaliers varie au gré des différentes représentations de la scène : dans la version de Dürer, le premier qui tient un arc, symbolise la peste, le deuxième, qui brandit son épée, la guerre, le troisième avec sa balance vide, la famine et le quatrième qui balaie des hommes et des femmes vers les mâchoires de l'Enfer, la mort. La source la plus en amont de l'œuvre pourrait se situer dans une prophétie de l'Ancien testament, qui se réfère à quatre chars, chacun étant tiré par des chevaux de couleurs différentes, définis comme les "quatre esprits des cieux".


Détails

1. Le geste de l'ange
L'ange en haut semble faire un geste de bénédiction. Juste sous de lui, le personnage avec un arc à la main est le plus controversé de l'œuvre. Certains l'interprètent comme une figure de la destruction, tandis que d'autres y voient le Christ. Dans d'autres versions, un ange tient une couronne sur sa tête.

2. La bouche de l'enfer
Depuis le Moyen-Age, l'enfer était souvent représenté sous la forme de la gueule grande ouverte du monstre appelé Léviathan. Ici, il dévore un homme coiffé d'une couronne impériale pour souligner que la mort triomphe de tous les hommes, riches ou pauvres.

3. Le visage et le trident
La mort est souvent représentée avec une faux, mais les tridents ou les fourches apparaissent souvent dans les images de l'Enfer, et l'œuvre ici associe les deux symboles. Aucun artiste avant Dürer, n'avait illustré toute la gamme des destructions provoquées par les quatre cavaliers. 

4. La balance de la famine
La balance de la famine fouette l'air derrière le galop des quatre cavaliers. Leur traitement par Dürer témoigne d'une énergie absente des versions antérieures du même sujet. Le nuage de poussière tourbillonnante et les puissantes lignes horizontales accentuent l'impression de vitesse.


Commentaires

Articles les plus consultés