"Les nymphéas : le matin clair aux saules, Monet, 1915-1926
Mais qui est Monet ?
Monet vécu très tôt de son art, en vendant des caricatures au fusain dans sa ville natale du Havre. Il apprend la technique de la peinture à l'huile auprès d'Eugène Boudin (1824-1898) et tous deux s'inspirent des travaux en plein air du peintre hollandais Johan Barthold Jongkind (1819-1891).
En 1852, il s'installe à Paris et étudie dans l'atelier de Charles Gleyre (1806-1874), où il fait la connaissance de Renoir, de Bazille, et de Sisley. Leurs expérimentations, pour saisir les effets fugitifs de lumière lors de séances de travail en plein air conduiront au développement de l'impressionnisme. Monet épouse son modèle Camille Doncieux en 1870. Son tableau "Impression soleil levant" (1872) suggère au critique Louis Leroy le nom de baptême du mouvement.
Camille meurt en 1879 et c'est Suzanne Hoschedé qui élève les deux fils de Monet avec ses propres enfants à Paris, jusqu'à ce que les deux familles s'installent ensemble dans le département rural de l'Eure, en 1880.
En 1881, les œuvres de Monet commencent à atteindre des prix élevés et, en 1890, il acquiert une propriété à Giverny.
L'œuvre
Les nymphes obsédèrent Monet pendant plus de vingt-cinq ans. En 1890, il acheta la maison et le terrain environnant qu'il louait avec sa famille à Giverny, dans le département de l'Eure. Le terrain fut alors transformé en un jardin comprenant un vaste bassin de nymphéas, et Monet y construisit un atelier spacieux. Outre les tableaux représentant des nymphéas isolés, il projeta aussi un immense ensemble décoratif conçu de manière à envelopper entièrement le spectateur. Grâce au soutien de son ami Georges Clemenceau, alors premier ministre, il édifia ce que l'on appela la Chapelle Sixtine de l'impressionnisme, une série de splendides peintures murales montrant plusieurs aspects du bassin aux nymphéas de Giverny.
En 1927, un an après sa mort, les huit peintures furent installées dans deux salles ovales de l'Orangerie, à l'extrémité des jardins des Tuileries. Le panneau reproduit ici occupe la partie gauche d'une des peintures murales, d'une longueur d'environ treize mètres. Cette immense toile presque irréelle, élaborée pendant plusieurs années dans l'atelier de l'artiste, offre une synthèse d'observations et de souvenirs qui peut sembler bien éloignée des petits tableaux sommaires que Monet peignait à la hâte, en plein air, au moment des débuts de l'impressionnisme. Pourtant, ses préoccupations d'alors sont toujours présentes : l'eau, ses reflets et ce qu'il appelait son "enveloppe", l'atmosphère lumineuse où baigne chaque scène. Comme il le dit à propos de son bassin de nymphéas, "l'essence du motif est un miroir d'eau, qui change d'aspect à chaque instant."
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