"Les Glaneuses", 1857, Jean-François Millet

Huile sur toile
83,5x110cm
Paris, musée d'Orsay



Millet naît dans une famille de riches fermiers du village de Gruchy, en Normandie. Encore adolescent, il devient l'élève du portraitiste Paul Dumouchel. 

Installé à Paris en 1837, il étudie deux ans à l'Ecole des beaux-arts, dans la classe de Paul Delaroche. Il peint surtout des portraits et des petites scènes pastorales et expose pour la première fois au Salon en 1848. 

Au milieu des années 1840, il rencontre à Paris plusieurs artistes qui se joindront ensuite à lui au sein de l'école de Barbizon, parmi lesquels Constant Troyon et Narcisse Diaz de la Pena. Il s'installe à Barbizon en 1849 et produit dans les années suivantes un grand nombre de paysages et de descriptions de paysans au travail. Le semeur (1850), Les glaneuses et L'Angélus (1857-1859) marquent un tournant dans sa carrière, même si ces tableaux ne furent pas unanimement reconnus à l'époque. 

Dans les années 1860, il travaille désormais pour une clientèle internationale. Il connaîtra cependant des difficultés financières jusqu'à la veille de sa mort. Ses œuvres tardives sont de purs paysages, moins controversés. 


Millet fut très lié aux artistes de l'école de Barbizon, installés dans un village des environs de Paris. Ils avaient pour objectif commun le développement d'un style de paysage pictural résolument naturaliste, et Millet devint en particulier célèbre pour ses représentations de scène de vie rurale. Elles firent scandale à l'époque, car elles étaient peintes sur des toiles de grandes dimensions, jusque-là réservées à la peinture d'histoire. Dans Les Glaneuses, Millet confère aux trois paysannes une imposante dignité. Il les montre engagées dans une tâche qui leur brise le dos: deux d'entre elles ramassent les restes de la récolte et la troisième tient à la main une maigre gerbe d'épis. Leurs expressions figées et leurs traits épais et lourds soulignent la nature laborieuse de leur travail. Elles se détachent sur un arrière-plan harmonieux, où des fermiers entassent une abondante récolte au bout d'un champ doré. Millet utilise les contrastes d'ombre et de lumière pour symboliser les divisions sociales.

Même s'il fut enclin à explorer les liens unissant les paysans à la terre, il ne créa jamais d'œuvre au contenu ouvertement politique. Il les concevait selon une optique personnelle et les Glaneuses expriment par exemple sa mélancolie. Lorsque le tableau fut exposé au Salon, en 1857, les critiques émirent, selon leurs propres opinions politiques, des jugements très divergents. Les républicains l'apprécièrent pour sa description digne et réaliste des travailleuses de la terre, tandis que les conservateurs s'inquiétèrent de son progressisme. 


1. Le paysage 
Millet se rendit célèbre pour ses descriptions naturalistes de la campagne. Dans les Glaneuses, le paysage pastoral idyllique baignant dans la lumière chaude du crépuscule forme un puissant contraste avec le labeur éreintant des trois paysannes. 

2. Le propriétaire terrien
Isolé à l'arrière-plan, le propriétaire surveille du haut de son cheval la récolte de la moisson. Millet lui donne l'aspect d'une figure lointaine indistincte et inactive, qui sert à mettre en valeur la détresse des glaneuses travaillant au premier plan.

3. Glaner
Le verbe "glaner" se réfère à l'activité consistant à ramasser les épis laissés de côté lors de la moisson. Les trois femmes en illustrent chacune une phase : la recherche des restes, leur sélection et leur regroupement en gerbes. Cette activité constituait l'un des principaux travaux des paysans français de l'époque de Millet, qui passa dix ans à l'étudier. Il attire l'attention du spectateur sur le labeur des paysannes, loin de la récolte du propriétaire.

4. Le chapeau bleu et le chapeau rouge
Les couleurs vives des coiffes des paysannes se détachent fortement contre le doux paysage doré et leur teinte est rehaussée par la lumière du soleil couchant. Ces taches de couleur attirent le regard vers les deux femmes penchées. Le chapeau rouge et et le chapeau bleu, associés aux manches blanches, évoquent le drapeau français. 






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