"Jeune fille endormie", v.1875, Albert Moore
Mais qui est Albert Moore ?
Moore naît à York en Angleterre. Son père, lui-même artiste, encourage sa vocation. En 1858, il entre à l'école de la Royal Academy, qu'il quitte au bout de quelques mois pour former avec d'autres artistes une sorte de société. Ses premières œuvres sont des paysages de style pré-raphaélite.
A la suite d'un voyage à Rome en 1860, il nourrit un intérêt durable pour la sculpture de l'Antiquité. Au milieu des années 1860, il peint des tableaux de jeunes filles vêtues de draps à l'antique, qui lui permettent de se concentrer sur le mouvement, la couleur et la texture des vêtements et lui valent la célébrité.
Comme beaucoup de ses contemporains, Moore est influencé part l'art japonais et se met à peindre des tableaux plus décoratifs, d'un coloris subtil et presque dépourvus de sujet.
Il produit de nombreuses images de jeunes filles endormies incarnant le style de l'esthétisme par excellence et sa conception de la beauté comme un produit exclusif de l'art.
L'œuvre
Les tableaux de la maturité de Moore représentent souvent de langoureuses jeunes filles vêtues à l'antique. Dans cette jeune fille endormie, le rendu délicat des plis de la robe trahit la fascination de Moore pour la sculpture de l'Antiquité. Entre le milieu des années 1870 et le milieu des années 1880, il produisit plusieurs tableautins de jeunes filles dans des intérieurs, qui lui servirent peut-être d'ébauches pour des œuvres de plus grande envergure, comme celle-ci. Toute narration en est bannie au profit d'une attention exclusive, typique de l'esthétisme, pour la couleur, la ligne et les motifs la jeune fille elle-même a été disposée comme un objet parmi d'autres, même si elle est le plus important d'entre eux, au sein d'une sorte de nature morte presque bidimensionnelle. Toutefois, la construction soignée et la subtile harmonie des tons font de l'œuvre une recherche obsessionnelle de beauté formelle parfaite plutôt qu'un simple exercice de décoration. Moore appliquait minutieusement la matière picturale en fines couches, obtenant ainsi un effet de délicatesse radieuse.
Le tableau montre plusieurs motifs chers à Moore :la draperie à l'antique, le vase et l'éventail orientaux, le tapis en peau d'animal exotique, le coussin à ornementation bohémienne, assez inhabituelle, et la fleur à l'oreille. L'œuvre ne fut jamais exposée du vivant de Moore, mais une toile d'une veine similaire Pensée (1875) fut montrée au public et l'éminent critique John Ruskin la jugea "d'un art consommé".
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