"Le triomphe de Galatée", Raphaël, 1512
Mais qui est Raphaël ?
Raphaël, né en 1483, est le fils de Giovanni Santi, peintre à la cour d'Urbin. À la mort de son père, survenue en 1494, il devient apprenti dans l'atelier de Pérugin, avant de se rendre à Florence pour y étudier les œuvres de Michel-Ange et de Léonard de Vinci.
En 1508, Jules II le fait venir à Rome pour y décorer ses appartements, au palais du Vatican. Il travaille d'abord à la chambre de la Signature (1508-1512), puis à celle d'Héliodore (1512-1514). Jules II meurt en 1513.
En 1514, le nouveau pape Léon X commande à Raphaël la décoration de la chambre de l'Incendie, à laquelle l'artiste et ses assistants commencent à travailler fin 1514. La même année, il est nommé architecte en chef du Vatican. Lorsque, en 1515, il devient aussi conservateur des Antiquités de Rome, il assume cette nouvelle responsabilité avec beaucoup d'enthousiasme. Ses peintures, datant de cette période, reprennent souvent des motifs ornementaux empruntés aux décorations des plafonds et des murs découvertes dans des édifices antiques.
Outre les commandes reçues du pape, Raphaël est recherché par les cardinaux et les prêtres pour la décoration de leurs demeures. Pour faire face à cette demande, il organise un atelier qui emploiera jusqu'à cinquante assistants, certains, comme Jules Romain, deviendront d'importants artistes autonomes.
L'œuvre
Dans une lettre adressée à l'humaniste Baldassare Castiglione, Raphaël écrivait : "Pour peindre la beauté, j'ai besoin d'avoir sous les yeux plusieurs jolies femmes […] mais comme je n'en ai pas à ma disposition, je me sers d'une certaine idée qui me vient à l'esprit." Son idéal de beauté féminine s'exprime dans les traits de toutes les femmes dont il fit le portrait. Ici, il modifie légèrement, pour décrire le visage de la nymphe marine Galatée, celui d'une sainte Catherine d'Alexandrie qu'il avait peinte auparavant. Galatée fuit son soupirant, le cyclope Polyphème, sur un étrange char en coquillage tiré par des dauphins. Selon la version de son histoire donnée par Philostrate, elle dédaigna les avances de Polyphème et se hâta de rejoindre son bien-aimé Acis. Le sujet de la fresque fut choisi par le mécène de Raphaël, Agosto Chigi, qui espérait épouser Marguerite Gonzague, la fille naturelle du marquis de Mantoue, mais qui voyait sa requête rejetée. Le choix de Chigi semble avoir été influencé par des version antérieures du mythe, où le cyclope finissait par obtenir la main de la nymphe.
Les détails
1. Les flèches dans le carquois : (haut à gauche) Galatée ignore les Cupidons qui la visent de leurs flèches et regarde celui qui a gardé les siennes dans son carquois. Il représente l'amour platonique et, en le fixant, Galatée manifeste son rejet des avances du cyclope et sa préférence pour l'amour spirituel, au détriment de l'amour physique.
2. Un coloris irrégulier : La fresque fut peinte en quelques jours et des changements atmosphériques causèrent de légères variations. Ici, l'arc de Cupidon marque la frontière entre deux tonalités de bleu. Raphaël s'efforça de dissimuler les raccords sous des repères de séparation. L'angle supérieur droit, fermé par deux Cupidons volants, est relativement sombre, de même que le ciel situé sous le Cupidon de gauche est moins lumineux que celui surmontant Galatée.
3. Les dauphins : La représentation des dauphins s'inspire sans doute d'un passage de la giostra (la joute) , où le poète Ange Politien donna une version célèbre du mythe de Galatée : "Deux beaux dauphins tirent un char : Galatée y est assise et elle en tient les rênes ; les dauphins nagent en respirant à l'unisson."
4. Le message à cheval : Le détail montrant Triton, le messager des dieux, assis sur son cheval marin révèle l'intérêt de Raphaël pour l'archéologie romaine. Il s'inspira sans doute, pour créer cet animal cabré et hennissant, d'une statue antique.
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