Tableau n°2 : "La Dame de Shalott", John William Waterhouse, 1888

 "La Dame de Shalott" est une huile sur toile mesurant 153 x 200 cm se trouvant à Londres au musée Tate Britain à Londres. Elle a été peinte en 1888 par John William Waterhouse.


Mais qui est-il ? 

"Sainte Eulalie", 1885

John William Waterhouse (6 avril 1849 - 10 février 1917) est un peintre britannique. Proche du style et des sujets des préraphaélites, il est connu pour ses tableaux inspirés de la mythologie et de la littérature.

En 1871, il entre à l'école de la Royal Academy. Trois ans plus tard, une de ses peintures est présentée à la Summer Exhibition. En 1885, il devient membre associé de l'Academy grâce à son œuvre "Sainte-Eulalie" (ci-contre). Cette œuvre traite du destin tragique de la martyre Eulalie. Cette dernière a subi le martyre pour avoir refusé d'honorer les dieux païens. 

En 1886, l'artiste visite une exposition de tableaux de Millais et approfondit sa connaissance du pré-raphaélisme. Son chef d'œuvre "La Dame de Shalott", conjugue une sensibilité pré-raphaélite au style naturaliste de l'artiste français Jules Bastien-Lepage.  

En 1890, Waterhouse abandonne les sujets classiques au profit des mythes et de la magie de l'antiquité gréco-latine. Les forêts et les côtes de l'Angleterre lui servent de décor pour ses féeries, comme dans la "Naïade",1893 (ci-dessous) et "Hylas et les nymphes",1896 (ci-dessous). On tend aujourd'hui à juger voyeuristes ses tableaux de jeunes femmes nues, très appréciés de son temps.

De 1914 à 1917, l'artiste revient aux récits situés dans un cadre historiques. Ses principales sources sont Shakespeare. 

"Hylas et les nymphes" (1896)

"Naïade" (1893)

















Présentation de l'œuvre : 

    Ce tableau s'inspire d'un poème d'Alfred Tennyson (1809-1892) intitulé "La Dame de Shalott" (1842), lui-même inspiré d'une légende arthurienne. Dans la légende, l'héroïne a passé plusieurs années dans une tour située sur une île de la rivière, avec le tissage pour seul passe-temps. Elle sait qu'elle ne doit jamais regarder par la fenêtre, sans quoi une malédiction s'abattra sur elle. Elle regarde donc le monde extérieur tel qu'il se reflète dans le miroir. Lorsque le chevalier Lancelot passe près de la tour en chantant, elle en tombe amoureuse. Elle quitte son métier à tisser et se précipite à la fenêtre, mais alors le miroir se brise et elle comprend qu'elle est maudite. Elle quitte la tour, monte dans une barque et descend lentement la rivière pour aller trouver la mort à Camelot. 

    Waterhouse a choisi de représenter le moment du départ, celui où la dame s'apprête à franchir le point de non-retour en quittant sa demeure. Le thème de la femme renonçant au célibat pour s'abandonner à une passion maudite était très répandu dans la littérature, l'art et le mélodrame de l'époque victorienne, mais l'histoire de la dame de Shalott allait bien au-delà d'une simple romance.
Tennyson abordait la question de l'isolement de l'individu et de la nécessité de participer pleinement à la vie de la société. Ce motif souvent repris par les pré-raphaélites, en particulier William Holman Hunt (1827-1910) et Dante Gabriel Rossetti (1828-1882). Waterhouse lui-même peindra deux autres scènes tirées du poème de Tennyson.


Détails :


1. Le visage de la Dame

L'expression du modèle et la façon dont sa tête se relève font penser à Lizzie Siddal telle qu'elle apparaît dans la "Beata Beatrix" (1864-1870) de Dante Gabriel Rossetti, qui représenta la bien-aimée de Dante Alighieri au moment de sa mort. La dame de Waterhouse sait qu'elle va bientôt mourir. 




2. Les chandelles et le crucifix

Deux des trois chandelles plantées à la proue du navire ont été éteintes par le vent, ce qui suggère que la dame est presque parvenue à la fin de son voyage et donc de sa vie. Le crucifix posé devant elle évoque une mort sacrificielle, tout en suggérant qu'elle accédera au Ciel.



3. Les feuilles flottantes

Les feuilles flottantes sur l'eau ne symbolisent pas seulement l'automne de la vie, mais aussi l'idée victorienne de la "femme déchue", qui a succombé à la tentation sexuelle. Ce détail rappelle l' "Ophélie" (1851) de John Everett Millais, qui se caractérise par un symbolisme naturel tout aussi riche.

4. La broderie

La broderie à laquelle travaillait l'héroïne se déploie sur la barque. On y aperçoit, dans des cercles, les images qu'elle a vu se refléter dans son miroir. Elles illustrent une vie qui lui était refusée et qu'elle est déterminée à découvrir. 


5. La chaine 

La chaîne que tient l'héroïne de la main droite sert à retenir la barque sur le bord de l'île, mais elle représente aussi la crainte de la malédiction. En se délivrant de la chaîne et de ses craintes, elle conquiert sa liberté. 






Merci d'avoir lu jusqu'au bout ! N'hésite pas à partager si ça t'a plus :) 
Vidéo pour mieux comprendre l'histoire de cette dame : https://www.youtube.com/watch?v=X_9GStLdSjA


Commentaires

  1. Ce peintre et ce tableau m'étaient inconnus.
    Merci!
    J'espère voir une œuvre de Rossetti un jour dans ce blog.

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