Tableau 3 : "La Tempête", Giorgione, 1507

 

Aujourd'hui, je vais parler d'une peinture de la renaissance à Venise. Cette huile sur toile peinte par Giorgione (1477-1510) date de 1507 et se trouve à Venise aux galeries de l'académie. 

Vous ne connaissez peut-être pas cet artiste alors laissé moi vous le présenter.


Le peintre (1477-1510)

Malheureusement, nous ne savons pas grand chose sur sa vie. Cependant, nous savons qu'il est né à Castelfranco et qu'il s'installe à Venise vers 1488. C'est à cette période qu'il intègre l'atelier de Giovanni Bellini

On suppose qu'en 1500, il a rencontré le grand Léonard de Vinci, et c'est aussi l'année où il a fait ses premières commandes dont un portrait du doge Agostino Barbarigo. L'année suivante, il reçoit sa première commande publique religieuse, aux côtés d'un groupe d'artistes incluant Titien, pour les fresques du Fondaco dei Tedeschi (entrepôt des marchands allemands) de Venise, achevées en 1508.

"Laura"

Giorgione a tendance à laisser inachevés ses œuvres. Seules quelques
œuvres "La Tempête, "Laura" (1506) et la "Vénus endormie" (1510) lui ont étés attribués. Il succomba sans doute à l'épidémie de peste qui frappa Venise en 1510, mais sa réputation d'innovateur, aussi bien quant au style qu'à la technique, lui a survécu. 

Il fut le premier peintre à créer des œuvres destinées à des collectionneurs privés plutôt qu'aux autorités civiles ou religieuses. Il joua aussi un rôle pionner en privilégiant l'atmosphère d'un tableau par rapport à son sujet, comme dans "La Tempête".

Maintenant, que vous en savez plus sur Giorgione, on va s'intéresser au tableau.


Le tableau

Cinq cents ans après son achèvement "La Tempête" continue de défier l'interprétation. Elle fut commandée à Giorgione par Gabriele Vendramin. L'amateur d'art Vénitien Marcantonio Michiel vit l'œuvre en 1530 dans le palais de Vendramin et la décrivit comme "un paysage avec une tempête, un soldat et une bohémienne". Plus tard, un inventaire de la collection lui attribua le titre de "Mercure et Isis".

Une hypothèse voisine voit dans les personnages la nymphe lo allaitant son fils et le dieu Mercure veillant sur elle. Toutefois, le tableau n'a sans doute pas de sources littéraires. L'œil du spectateur est conduit vers les profondeurs de l'arrière-plan, pour y rencontrer le ciel d'orage ; l'atmosphère tendue de la toile est peut-être son véritable sujet.

Des analyses aux rayons X ont révélé que le personnage masculin a été peint par-dessus une femme nue trempant ses pieds dans l'eau, ce qui laisse supposer que Giorgione a pu changer d'idée quant au sujet de son tableau. Les aristocrates pour lesquels il travailla souvent appréciaient beaucoup les peintures dont la "signification cachée" n'était accessible qu'à un cercle restreint d'initiés.



Détails : 

                           

1. L'approche de la tempête 

Giorgione saisit le moment précis où un éclair déchire les nuages de pluie. Le tableau est d'un caractère calme, presque statique, imprégné de l'atmosphère humide d'une tempête imminente. L'étrange paysage bleu-vert et la lumière dorée dégagent une impression mélancolique et menaçante. 

2. Le soldat 

La figure isolée du personnage masculin appuyé sur sa lance et le visage obscurci par l'ombre, ajoute au mystère du tableau. En remplaçant la femme nue présente ici dans un premier temps par un homme habillé, Giorgione enrichit la scène d'un élément de tension psychologique. 




3. Le symbolisme

L'historien de l'art Edgar Wind a vu dans la bohémienne nue une allégorie de la vertu théologale de la charité et dans le personnage masculin, le symbole de la valeur militaire, ou de la force. Unis, ils peuvent vaincre l'inconstance de la Fortune, symbolisée par la tempête imminente.



4. Les colonnes brisées

Les colonnes tronquées qui séparent l'homme et la bohémienne pourraient symboliser des espoirs déçus et des rêves, et servir de transition entre le premier plan ensoleillé et l'intimidant amoncellement de nuages à l'arrière-plan. Elles pourraient aussi symboliser la mort.




5. La luminosité

Giorgione mêle la peinture à l'huile et la tempera à base d'œuf, créant ainsi des glacis transparent qui confèrent une luminosité nouvelle à son art. L'influence de Léonard de Vinci est évidente dans l'usage du sfumato, une atténuation des contours qui nuance les modulations de couleurs.
 













Commentaires

  1. Derrière le silence des personnages, on entend le vent faire frissonner les arbres et le tonnerre gronder. S'il existe un sens caché à ce tableau, libre à chacun de le chercher, il donne aussi la liberté d'y entrer et de s'y raconter sa propre histoire.

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